J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015

LECTURES SENTINELLES 2012

LECTURES SENTINELLES | 2023 | Neige SINNO | TRISTE TIGRE

 

TRISTE TIGRE NEIGE SINNO  PEINTURE

Il y a des livres qu'on attend presque toute une vie... celui-ci en fait partie. C'est pourquoi je l'accueille dans mes Livres Sentinelles . Il me redonne le goût d'aborder les sujets difficiles dont personne ne veut garder longtemps la mémoire. Une sorte de déni collectif  qui emprisonne dans le silence et la honte des millions d'enfants filles & garçons annexé.e.s physiquement et mentalement par des adultes,afin d'assouvir leurs besoins sexuels souvent indissociables de leur propension à la domination. Neige SINNO n'écrit pas pour se sauver de l'inceste. Elle écrit pour que celui-ci entre en Littérature sans paravent, aux yeux de tout le monde, afin que la chape de plomb soit à nouveu soulevée et l'hypocrisie dénoncée. Elle n'est ni la première ni la dernière, à se lancer dans ce défi de salubrité publique. Désormais, les prédateurs sexuels hommes ou femme sur mineurs ne sont plus protégés, ils sont débusqués et c'est d'abord une bonne nouvelle. C'est même une prise de conscience  à condition de comprendre ce qui se passe réellement dans la vie des familles et dans les insitutions qui ont vocation à former la jeunesse, sans pour autant  basculer dans l'inquisition et la suspicion systématiques. Depuis la chanson de Barbara en passant par les premiers livres de Christine Angot ou ceux plus récents et médiatisés, des femmes sortent du silence et dénoncent les abus . Neige SINNO va plus loin, elle dit en quoi les blesssures sont lisibles et parlent d'une réalité que l'on ne peut plus occulter.

 

Quatrième de couverture :

 

J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume

de la littérature m'accueillerait comme n'importe

lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais

même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur

de l'abjection. La littérature  ne m'a pas sauvée. Je ne

suis pas sauvée.

 

Extrait poétique 

 

Pour moi, l'enfance reste ce pays aux noirs matins de soleil, comme dans le poème d'Alejandra Pizarnik .

Je me souviens de l'enfance

Quand j'étais une vieille femme

Les fleurs mouraient entre mes doigts

Parce que la danse sauvage de la joie

Leur détruisait le coeur

 

Je me souviens des noirs matins de soleil

quand j'étais enfant

cétait hier

Mais il y a des siècles

 

 

 

Neige SINNO, Trise tigre

P.O.L  2023

 

 

 

 


Les faneuses de Françoise ASCAL, dans Lignées

 

Lignées, Françoise ASCAL dessins de Gérard TITUS-CARMEL Lignées, Françoise ASCAL dessins de Gérard TITUS-CARMEL

 

Très beau recueil que j'ai trouvé dans la librairie POINT D' ENCRAGE 73, Rue Marietton LYON 9° ( VAISE) où la collection est bien présentée  par Emmanuel et Anne-Françoise .  Retrouver l'écriture de Françoise ASCAL me réjouit et sa collaboration avec Gérard TITUS-CARMEL est très réussie. Les "paysages" du livre sont ceux de nos pensées mémorielles... Témoins les mots de cet extrait dont la tonalité métaphorique est un ravissement pour mes sens et mon esprit :

  Les causeuses italiennes pub détournée

    Photo publicitaire trouvée dans un magazine


"Les faneuses de juillet avancent sous mon crâne.

Elles m'éraflent de leurs râteaux de bois à double

dents. Leurs chapeaux de paille pourrissent au loin.

Elles ont toujours soif. Je dois répondre à leur appel,

essuyer encore et encore la sueur qui tombe de leur

front. Leurs faces ne laissent pas d'empreintes sur

le linge que je leur tends. Leurs pieds meurtris

saignent. Elles n'ont pas de noms. Juste des tabliers

dont je suis l'unique héritière. Les lichens ont rongé

les pierres tombales, effacé les dates. L'excès de lumière les

aveugle. Elles rêvent de se jeter nues dans la rivière.

Je dois courir vers le puits, écouter encore et encore

le chant de la poulie qui se fige. Pas la moindre

goutte d'eau au fond de mon seau. Cette nuit encore,

les faneuses ne trouveront pas le sommeil."

 

Françoise ASCAL, Lignées, dessins de Gérard TITUS-CARMEL, Ecri(peind)re AENCRAGES & CO, 2012.

 

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Pour vous donner envie d'aller à la rencontre de ce livre :

Lignées de Françoise  Ascal  lecture par Angèle PAOLI sur le Site Terres de Femmes